jeudi 1 mars 2018

Naître fille en Inde

Naître fille en Inde, plus qu'ailleurs, n'est pas toujours un destin enviable. C'est d'abord échapper à l'infanticide encore pratiqué dans les campagnes, être parfois battue, insultée, par des pères ou des frères sans scrupules, se battre quotidiennement pour suivre les chemins de l'école, passer brutalement de l'enfance à l'âge adulte, se soumettre à la tradition du mariage arrangé et de la dot, être victime de la honte ou de l'opprobe du voisinage, c'est travailler dur à la maison, dans les champs ou sur les chantiers, c'est accepter de suivre le chemin de sa destinée.    


A cause d'une préférence pour les enfants de sexe masculin, très ancrée dans la culture, il manque statistiquement plus de 60 millions de femmes en Inde. Ce déséquilibre démographique est la conséquence d'avortement sélectifs en fonction du genre mais aussi au traitement de faveur réservé aux garçons, notamment en matière de nutrition et de santé. De plus, les parents qui ont eu un garçon sont plus susceptibles de s'arrêter là, alors qu'ils seront portés à désirer un deuxième enfant s'ils ont eu d'abord une fille.

En Inde, la naissance d'un garçon donne souvent lieu à des célébrations et procure une grande fierté à la famille. La naissance d'une fille, au contraire, peut plonger les parents dans l'embarras, voire la peine, face à la dot qu'il faudra réunir pour son mariage. Il est acquis que les petites indiennes sont moins instruites que les garçons, qu'elles mangent aussi moins bien et qu'elles sont moins bien soignées. En analysant le taux de natalité du dernier né, le rapport gouvernemental estime  que 21 millions de petites indiennes n'étaient pas vraiment désirées - les parents tentaient en fait d'avoir un garçon.