mercredi 15 mars 2017

Santa, la bien-nommée


J'ai fait sa connaissance il y a moins de deux semaines à Bangalore. Le rendez-vous avec l'actrice indienne Roopa ne pouvant avoir lieu en raison du tournage d'un nouveau film auquel elle participe, mon ami Arun m'a orienté vers cette jolie personne de 27 ans qui travaille pour une NGO Indienne "Community health and development HIV and AIDS Prévention, Education and Child Protection Programs" dans les collèges de Bangalore.

Elle habite avec sa famille au dernier étage d'un petit immeuble où vivent aussi oncles, tantes et cousins et cousines. Elle vit dans un confort que bien des jeunes filles de son âge pourraient lui envier dans cette mégapole tentaculaire. Son papa, en effet, a monté une petite entreprise qui fabrique des blocs de glace et la famille s'en sort plutôt bien. Son métier lui offre aussi une très grande liberté. Pendant trois jours, elle va nous accompagner et nous faire rencontrer d'autres femmes engagées dans le combat pour l'autonomie et la liberté.

D'un ton rapide et vif, elle va directement au coeur du sujet car l'un de ses combats c'est la pornographie. Non par pudeur mais parce que c'est la plus forte addiction qui touche actuellement les enfants, les adolescents et les jeunes en général. Une addiction dont personne ne veut parler. Tout le monde veut bien parler de l'addiction au tabac, à l'alcool mais le sexe reste tabou en Inde alors que un enfant sur deux est abusé sexuellement au sein même de sa propre famille. Alors elle va de collège en collège (plus de 50 à Bangalore) pour parler avec les adolescents de ces questions qui taraudent les esprits et qui conduisent nombre de jeunes filles (sous couvert de l'amour) à tomber dans les pièges tendus par de jeunes garçons en mal d'expériences extrêmes sous l'influence d'internet. Beaucoup de jeunes filles innocentes (souvent même brillantes à l'école) se font abusées sexuellement en contrepartie de la promesse d'un argent facile que ne peuvent leur donner leurs parents. Leurs vies sont alors ruinées car elles contractent le sida, ne peuvent que difficilement aller se plaindre auprès de la police dans une société où c'est toujours la fille qui est suspectée d'abord pour sa mauvaise conduite. Alors beaucoup perdent pied et se suicident... Telle est la triste réalité d'aujourd'hui dont elle témoigne avec force et talent.